Variations d'une trendsetteuse parisienne qui parle de la mode, des tendances, de l'actu, de ce qui fera ou ne fera pas les tendances de demain
La semaine dernière, M6 a diffusé l'un de ses dossiers de l'été consacrés aux people et autre richissimes de par le monde. Au programme: Christian Audigier, le créateur de la marque Ed Hardy. Ce dernier devait fêter ses 50 ans à Los Angeles, ville qui l'a consacré roi de la mode (sic!) et où il a élu domicile, parti depuis longtemps de son fief avignonnais. 50 ans, ça se fête, surtout quand on a un ego gros comme ça et des moyens qui dépassent l'entendement. Mais au final, qu'est-ce que ça a de mieux qu'une fête au Macumba..?
Le reportage s'ouvre sur la photo gigantesque de Christian Audigier sur Melrose Avenue où il possède une boutique. Pour situer le contexte (et pour ceux qui l'ignorent), Ed Hardy est une marque créée autour de visuels inspirés des tatouages de bikers. Ce n'est donc pas un hasard si notre Johnny national est devenu pote avec le sieur Audigier. Sa majesté des t-shirts a fondé un empire, à l'image de ces quelques français qui ont su exploiter le bon filon outre-Atlantique.
Passons. Christian Audigier, donc, organise son 50ème anniversaire comme on organise le lancement d'une nouvelle collection. Cet anniversaire est prétexte à faire parler de lui, et qui dit parler de lui dit parler d'Ed Hardy et donc booster les ventes. Cette fête sera donc spectaculaire ou ne sera pas. D'ailleurs, le principal intéressé prétend envisager d'annuler les festivités car le roi de la pop, Michael Jackson himself, qu'il a invité, n'a toujours pas répondu à quelques heures du début de la soirée.
Outre ses délires de grandeur, Christian Audigier est présenté comme un homme qui n'a pas renié ses origines et certainement pas oublié ses amis de toujours, les avignonnais qui l'ont connnu tout petit et ont suivi son ascension de plus ou moins loin (plutôt de loin). Tous ont été invités à se joindre au master pour célébrer son demi-siècle. Et c'est là que les choses se corsent: entre hésitations sur les tenues et peur de ne pas être à la hauteur, les amis de toujours sont presque plus intéressés par les "stars" que par le héro de la soirée.
Jour J: on nous montre un Christian Audigier, businessman jusqu'au bout des ongles, pendu au téléphone, criant sur tout le monde, conscient de ce qui se joue. Son épouse, qui a visiblement bien intégré la tendance mégalo de son mari, lui a fait réaliser une sculpture de lui-même de 6 mètres de haut, qui sera placée au centre de la salle. Pour le bon goût, vous repasserez. Johnny, quant à lui, répète car il a promis à son "ami" (c'est fou ce qu'on a comme "amis" quand on a les moyens de se les offrir!) de chanter.
Mais le clou de la soirée, c'est l'arrivée de Michael Jackson, le king of pop, qui a daigné répondre à l'invitation de Christian Audigier (moyennant quelques dizaines de milliers de dollars, faut pas rêver non plus). Service de sécurité hors normes, publicists affolées (les publicists sont une forme hybride de RP et d'agent). Christian est accompagné par les gorilles de la star, suivent Johnny et Laetitia, sous le regard envieux de l'assistante de Christian qui a l'air de ne toujours pas en revenir. Mais le must a lieu à l'entrée sur scène de Michael, quinqua lui aussi depuis peu. Et là, c'est à la limite du ridicule: le king of pop qui félicite son "ami" le king of fashion. On aura tout vu!
Au final, la soirée aura coûté une somme scandaleuse à Christian Audigier, le propulsant roi des fêtes people. Ce petit avignonnais qui se targue de parler français à LA, côtoie Johnny et se fait féliciter par Michael sous l'oeil ahuri de ses amis d'enfance (qui n'hésitent pas à sortir l'appareil photo et dont on se demande s'ils se laveront la main qui a serré celle de Johnny, a réussi: son anniversaire fait le tour des médias. Beau coup de pub! Mais quid de ce côté bling-bling racoleur? Est-on vraiment le roi de la mode quand on paie ses amis pour qu'ils fassent une (si) courte apparition et annônent des compliments si formatés..? La tendance n'est-elle pas justement aux petits comités hype où seuls quelques initiés pourront se rendre, sans luxe ostentatoire..? Il me semblait, pourtant...